Les Aztèques l’appelaient l’arbre qui entend. Ses larges feuilles semblables à des oreilles d’éléphant lui valent toutes sortes de surnoms : arbre à oreilles, caro caro, l’oreille cafre, ou oreille mulâtre. Le Guanacaste ou Enterolobium cyclocarpum, ce géant vert de plus de quinze mètres de haut est reconnaissable entre mille. Sentez-vous le souffle chaud du vent dans son feuillage ? Oui, c’est bien lui ! Le cœur du patrimoine bat au rythme de sa force et de sa beauté majestueuse. Emblème national, cet arbre à fleurs des régions tropicales joue un rôle fondamental au Costa Rica. Les propriétés de l’arbre Guanacaste profitent à la culture locale et à l’équilibre général de la biodiversité. Savourez sa fraîcheur et prenez une bouffée d’air le temps de quelques lignes.
nterolobium cyclocarpum : force de la nature costaricaine
Le géant costaricain
Imaginez ! Vous faites face à un colosse vert dix fois plus haut que vous. Sa gigantesque coupole végétale repose sur un tronc large de 3 m de diamètre et haut de 2 mètres seulement. Une force de la nature aux jambes courtes. L’« arbre à oreille » doit son surnom à la forme de ses gousses similaires à des… oreilles d’éléphant. En revanche, c’est lui qui donne son nom à la région du Guanacaste.
Dans d’autres pays comme le Venezuela, il grandit jusqu’à 50 mètres.
Cycle de vie du Guanacaste
La classification phylogénétique le range parmi les Fabaceae (arbre à fèves et plante à fleurs de la famille des légumineuses). Avant 2003, on le considérait comme un Mimosaceae. S’il est commun au nord du Pacifique, on le trouve aussi en Afrique.
Il produit ses fruits entre janvier et mai et fleurit de novembre à mars. Ses fleurs blanches et rondes ressemblent à des pompons avec de larges étamines. Chacune donne naissance à une fameuse oreille qui, à son tour, fabriquera une dizaine de graines, appelées cosses. Ses grandes feuilles sont elles-mêmes composées de folioles bipennées et sessiles (sans pétiole). Arbre dit « caduc », il est nu en période hivernale. Il peut vivre quelque soixante-dix ans.
Où voir l’arbre Guanacaste ?
La région Guanacaste accueille mangroves, côtes du Pacifique et hauteurs culminant au Rincon de la Vieja. Mais, c’est en plaine qu’on trouve l’arbre. Grand buveur, il se situe toujours à proximité d’une source d’eau. Pour l’admirer, direction les alentours de Playa Negra et de Tamarindo ou Santa Cruz. La zone de conservation du Guanacaste compte 147 000 hectares de terre et de mer aux divers écosystèmes. Les courants marins riches en nutriments expliquent la productivité florale exceptionnelle entre Caraïbes et Pacifique.
Sa tolérance à une grande amplitude thermique et sa capacité à absorber l’humidité multiplient sa présence dans les habitats tropicaux de basse altitude.
L’arbre Guanacaste : pilier culturel du Costa Rica
Emblème du Costa Rica depuis 1959
Enfant du Costa Rica, le Guanacaste est né d’un mariage qui ne date pas d’hier. Son nom vient de la langue Nahuatl, des mots « guautil », arbre et « nacaztli », oreille. Il devient le symbole du pays après que la province du Guanacaste a décidé de son adhésion au reste de l’État. Le décret numéro 7 publié le 31 août 1959 l’officialise arbre national.
Et pour cause, il accompagne les Costaricains toute la journée.
Un bois précieux
Les ébénistes Ticos, amoureux de ce bois exotique de haute qualité, s’en servent pour fabriquer des meubles. Léger et résistant à l’eau, il est très apprécié pour la construction navale (canoës). Sa grande taille facilite la découpe de larges panneaux. Bateaux, tables et chaises en Guanacaste sont renommés pour « durer toute une vie ».
Bois de construction idéal, donc ! Un peu trop peut-être, car il est de plus en plus victime de son succès. L’Enterolobium cyclocarpum est aujourd’hui considéré comme une espèce menacée, selon le programme CITES, soutenu par l’Organisation mondiale des bois tropicaux et le Partenariat de collaboration sur les forêts.
Chez les Mayas, il est désormais interdit de coupe.
Une figure de l’artisanat éthique
Envie de rapporter un bijou pittoresque local ? Les artisans enfilent, comme des perles, les cosses noires et fabriquent colliers et boucles d’oreilles. De la taille d’une noix, elles sont décorées d’un léger liseré marron.
Des vertus lavantes
Les Costaricains produisent leur lessive à base de graines de Guanacaste, reconnues pour leurs propriétés nettoyantes. Ils y ajoutent l’écorce du tronc broyée et fermentée. Comme le fruit, elle contient du tannin. Il sert à fabriquer du savon et sèche le cuir.
Source d’alimentation pour l’homme
Les graines vertes, après avoir bouilli, terminent leur vie dans l’assiette costaricaine typique. Les Mexicains les grillent comme du pop-corn. Le nectar se boit en jus de fruits.
La sève sert d’adhésif naturel. Mâchée, elle fait office de chewing-gum.
Les indigènes, notamment les Mexicains, lui trouvent des vertus médicinales (bronchite, grippe et diarrhée).
Vous les retrouvez dans les boutiques bio locales, exemples du commerce éthique et équitable. Acheter ses souvenirs dans ces circuits courts, c’est cela aussi l’écotourisme.
Guanacaste : l’arbre aux propriétés écologiques
Modèle incontesté de la préservation de l’écosystème, la région du Guanacaste est symbole de biodiversité. 7 000 variétés de plantes, annonce l’UNESCO. L’arbre, le Guanacaste, à l’instar de chaque espèce vivante sur Terre, tient un rôle majeur pour son environnement. Entre autres, sa capacité à fixer l’azote améliore aussi la fertilité des sols.
L’ombre : une aubaine
Sa couronne sphérique protège du soleil une très large surface au sol. C’est d’ailleurs pour ce rôle d’ombrelle qu’il est cultivé. Il abrite les plantations de café et le fourrage du bétail. Accessoirement, quelques touristes amoureux de la nature en quête de quelques minutes de repos. Vous, peut-être ?
Alimentation animale
Les graines ne commencent à pousser que si les enveloppes protectrices sont perforées. Ainsi, la nature empêche une germination précoce.
La graine du Guanacaste nourrit les animaux dans la forêt. Les oiseaux en sont friands, notamment le yigüirro, petit oiseau marron, autre symbole du Costa Rica.
Seul le bétail (chevaux, chèvres et bovins) peut mastiquer et digérer les fruits du Guanacaste.
Intelligence de l’adaptation de l’espèce
Comme les autres espèces caduques ou semi-caduques, l’arbre Guanacaste retarde au maximum la production de ses fruits. Neuf mois de maturation leur permettent de mûrir à la saison des pluies. Le but ? Que les racines s’installent et captent l’eau avant la saison sèche : El Niño.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur l’intelligence de la biodiversité, notre article sur la canopée peut vous intéresser. Nous vous conseillons l’ouvrage La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben, ingénieur forestier et écrivain allemand. Vous y découvrirez un formidable réseau de communication interespèces et notamment le rôle des racines dans la transmission de l’information. On comprend alors l’importance de la densité du végétal, et particulièrement des plantes basses.
???? Le saviez-vous ?
Le 15 juin est le jour national de l’arbre au Costa Rica. Ce décret date du 25 mai 1915. Alfredo Gonzalez souhaitait faire prendre conscience aux hommes de la fragilité des surfaces arborées. Les autorités incitent la population à planter un arbre pour limiter le réchauffement climatique. Ils absorbent et retiennent l’eau, libèrent de l’oxygène et capturent le dioxyde de carbone.
L’arbre Guanacaste multiplie les propriétés. Pilier du paysage et de la culture du Costa Rica, il est aussi un véritable acteur économique, fervent participant à la vie de la faune et de la flore. La légende raconte que le Guanacaste sert même de trait d’union entre le monde des vivants et l’au-delà. Il partage l’image du Costa Rica avec le quetzal, objet de notre prochain article.
Je veux rencontrer ce personnage végétal emblématique, je contacte Sylvain pour un voyage au cœur de la biodiversité.
Sources :
Site de l’Unesco