Le quetzal, symbole de liberté, emblème du Guatemala et star incontestée des oiseaux d’Amérique latine, est en voie de quasi-extinction. Il figure sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN, autorité mondiale en matière de sauvegarde du milieu naturel. En effet, l’exploitation forestière, l’élevage de bétail et le commerce illégal de ses plumes détruisent l’habitat naturel du pharomachrus mocinno. Comment le Costa Rica protège le quetzal resplendissant d’une disparition ? Les forêts de nuages et la canopée l’accueillent et le nourrissent. Des programmes concrets d’observation et de nidification soutiennent cet environnement favorable, mais insuffisant. Car on n’abandonne pas un symbole de liberté, une divinité, une légende. Écoutez son célèbre koy-koy et voyez s’il peut encore être sauvé.
Quetzal resplendissant préservé par l’environnement naturel costaricain
Un habitat approprié dans les forêts de nuage
Le pharomachrus mocinno (de la famille des trogonidés) vit dans les zones tropicales, humides boisées et montagnardes. Au Guatemala, des réserves existent, mais trop petites en surface. On rappelle que son taux de déforestation est un des plus dramatiques du continent américain (34 % en 20 ans). Palmier à huile, caoutchouc et élevage ont raison de la végétation.
Le quetzal évolue donc dans la canopée à la recherche des arbres les plus hauts tels que ficus, brosimum, cecropia, guanacaste. La densité d’épiphytes (couches de feuillages superposées) lui sert d’habitat.
Les nombreuses actions de reforestation du Costa Rica jouent un rôle prédominant dans la sauvegarde du quetzal. En 30 ans, ce pays a doublé sa surface boisée.
Une autre manière de découvrir le Quetzal
Des troncs assez hauts pour la nidification
Au Costa Rica, la nidification a lieu entre mars et juin et peut engendrer deux couvaisons. Les oiseaux préparent leur nid à 15 mètres de haut (parfois 25) dans une excavation de branche d’arbre, comme ceux de la canopée costaricaine.
🦜️ Le saviez-vous ?
Son appel typique se différencie de ses cousins trogons. Son cri est « doux, profond, plein et très puissant », selon animaldiversity.org. L’habituel « koy-koy » se transforme en « weec-weec » lorsqu’il cherche à rassembler. À la saison des amours, c’est par un son plaintif qu’il interpelle sa partenaire.
Une nourriture abondante grâce à la biodiversité costaricaine
La richesse des écosystèmes costaricains fournit l’alimentation dont le quetzal resplendissant a besoin. Fruits de lauracées, lézards, insectes, petites grenouilles, et escargots composent son menu quotidien.
Les actions concrètes du Costa Rica pour sauvegarder l’oiseau sacré
Le projet KABEK dans le Cerro de la Muerte
Le projet « KABEK – Families pro-quetzal » est né en 2010 dans le Cerro de la Muerte, précisément là où vit l’oiseau. Le programme consiste à l’aider à survivre en hiver et à dynamiser l’économie touristique en basse saison. Les familles locales s’unissent aux guides pour renseigner les visiteurs. Ce travail collaboratif débouche sur une activité durable avec des répercussions sur l’éducation. Respect de la biodiversité et reforestation élargissent les zones de nidification. En 2018, un couple de quetzals s’installe même dans un nid artificiel. Les points d’observation se multiplient.
Le Centre d’Éducation et d’Investigation du Quetzal (QERC) à Dota
Située à San Gerardo de Dota, cette filiale universitaire travaille à la biodiversité, le développement durable, la responsabilité sociale et enquête sur le quetzal. À 2 200 mètres d’altitude dans la forêt de nuages de la cordillère de Talamanca, le QERC dispose de 20 km de sentiers et 980 ares de réserve privée. Les chercheurs héritiers du Dr Leo Finkenbinder étudient l’habitat, le régime alimentaire et le cycle de vie de l’oiseau.
La vallée des quetzals dans la province de San José
El Parque Nacional Los Quetzales se trouve à Dota (province de San José) et propose une zone privilégiée d’expérience d’observation des oiseaux. La forêt de nuages accueille et protège nombre d’espèces endémiques, dont notre héros. Le décret exécutif N° 32981-MINAE du 25 avril 2006 est à l’origine de cette initiative reliée au SINAC (système national de surfaces de conservation du Costa Rica). Cette agence du ministère de l’Environnement gère et coordonne des projets de durabilité des ressources naturelles.
Protéger le quetzal resplendissant, c’est sauvegarder la culture précolombienne
Un symbole de liberté
Par essence, le quetzal ne peut vivre qu’en plein air. En effet, dès qu’il se trouve en captivité, il préfère se laisser mourir. L’altitude à laquelle il vole (2000 à 2700 mètres) explique peut-être ce besoin d’espace. Il est synonyme de liberté.
Cette divinité des civilisations précolombiennes est aujourd’hui le symbole national du Guatemala dont la monnaie est éponyme.
Une divinité sur Terre
Les Aztèques et les Mayas vénéraient le quetzal resplendissant : leur dieu de l’air, symbole de bonté et de lumière. Il doit cette image à ses couleurs vives et quasi surnaturelles. Le mâle porte un bleu vert irisé sur la gorge et la poitrine. Mais des reflets cuivrés et dorés modifient son apparence dès qu’il prend le soleil. Rouge écarlate, bleu, gris et vert se disputent le reste du plumage, notamment les 4 fines couvertures sus-caudales. Ses rémiges sont noires et son bec jaune. Les plumes émeraude et bleu turquoise du mâle, colorées par la mélanine, le rendent célèbre et lui donnent son nom nahuatl « quetzali » qui signifie « longue queue aux plumes brillantes ». Les Mayas et Aztèques protégeaient cet oiseau sacré. Moctezuma (empereur aztèque du XVIe siècle) utilisait ses plumes comme ornements de coiffe ou de vêtements.
Le dieu Quetzalcoatl, serpent à plumes, provient du quetzal et du cóatl (serpent).
Je découvre les indigènes du Costa Rica
🦜️ Le saviez-vous ? La femelle arbore une robe plus terne. Seul le mâle possède cette touffe de plumes vertes dorées dressée sur la tête.
Un oiseau, héros de légendes
Sacré et mythique, il fait aussi l’objet de légendes.
L’une raconte l’affrontement final entre Pedro de Alvarado, conquistador, et Tecun Uman, le dernier chef guatémaltèque. Lorsque Alvarado enfonça sa lance dans la poitrine de Tecun, un quetzal se posa sur sa blessure sanglante, puis s’envola avec une tache vermillon sur le poitrail.
D’autres pensent que les Indiens le missionnèrent pour chanter à l’arrivée des Espagnols. Mais, que depuis l’oiseau reste muet.
Divinité vivante, allégorie de liberté, peu importe. Le quetzal resplendissant est une petite beauté que la main de l’Homme ne doit pas mettre en danger. Il rejoint les autres trésors que le Costa Rica s’acharne à protéger, juste par amour de la nature. En visitant notre pays, vous participez à financer des programmes de préservation de l’environnement.
Le Quetzal Education Research Center
Le parc national Los Quetzales
Liste des animaux en voie de disparition
Liste rouge des espèces menacées de l’UICN : Union Internationale pour la Conservation de la nature